SASU gérant ou président : quelle différence de rôle ?

La Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU) représente aujourd’hui l’une des formes juridiques les plus prisées par les entrepreneurs français, avec plus de 280 000 créations annuelles selon l’INSEE. Pourtant, une question fondamentale demeure souvent floue dans l’esprit des créateurs d’entreprise : faut-il désigner un gérant ou un président pour diriger sa SASU ? Cette interrogation révèle en réalité une méconnaissance des spécificités juridiques propres à cette structure sociétaire. Contrairement aux idées reçues, la SASU ne peut être dirigée que par un président , le terme « gérant » étant exclusivement réservé aux SARL et EURL. Cette distinction terminologique cache des enjeux juridiques, fiscaux et sociaux considérables qui influencent directement la gestion quotidienne de l’entreprise et la protection de son dirigeant.

Définitions juridiques et statuts légaux du gérant et président en SASU

Cadre réglementaire du code de commerce articles L227-6 et L227-8

Le Code de commerce établit une distinction claire et incontournable concernant la dénomination du dirigeant de SASU. L’article L227-6 stipule expressément que « la société est représentée à l’égard des tiers par un président désigné dans les conditions prévues par les statuts ». Cette formulation juridique exclut catégoriquement l’usage du terme « gérant » pour les sociétés par actions simplifiées unipersonnelles. La confusion provient souvent de la similitude fonctionnelle entre les deux statuts, mais la différence terminologique reflète des régimes juridiques distincts .

L’article L227-8 complète ce cadre en précisant que le président dispose de pouvoirs étendus pour agir au nom de la société dans la limite de son objet social. Cette disposition confère au président de SASU une autonomie décisionnelle remarquable, contrairement au gérant d’EURL qui reste soumis à certaines limitations statutaires plus strictes. Le législateur a ainsi voulu créer un statut hybride combinant la souplesse de gestion des sociétés par actions avec la simplicité d’une structure unipersonnelle.

Distinction entre mandataire social et dirigeant opérationnel

La qualification de mandataire social attribuée au président de SASU revêt une importance capitale dans l’analyse des responsabilités et pouvoirs. Un mandataire social agit pour le compte et au nom de la société, établissant ainsi une relation contractuelle spécifique distincte du salariat. Cette caractéristique juridique implique que le président n’est pas lié par un contrat de travail avec la SASU, même s’il peut percevoir une rémunération pour ses fonctions dirigeantes.

La notion de dirigeant opérationnel englobe quant à elle l’ensemble des missions de gestion quotidienne, de représentation légale et de développement stratégique. Le président de SASU cumule donc ces deux qualités, ce qui lui confère une position unique dans l’écosystème entrepreneurial français. Cette dualité explique pourquoi certains présidents de SASU peuvent également exercer des fonctions salariées au sein de leur propre société, sous réserve de respecter des conditions strictes de subordination et de différenciation des missions.

Impact de la loi PACTE 2019 sur les fonctions dirigeantes

La loi PACTE du 22 mai 2019 a introduit des modifications substantielles dans la gouvernance des sociétés, y compris pour les SASU. L’une des évolutions les plus marquantes concerne la possibilité renforcée de désigner des directeurs généraux délégués ou des directeurs généraux adjoints, élargissant ainsi les possibilités d’organisation dirigeante. Ces nouvelles dispositions permettent aux présidents de SASU de déléguer certaines prérogatives tout en conservant la responsabilité ultime de la représentation légale.

La loi PACTE a également simplifié certaines procédures déclaratives et renforcé la protection des dirigeants contre les poursuites abusives. Ces améliorations bénéficient directement aux présidents de SASU, qui peuvent désormais exercer leurs fonctions avec une sécurité juridique accrue. L’introduction de nouvelles modalités de révocation, plus protectrices pour le dirigeant, constitue un autre apport significatif de cette réforme législative.

Responsabilité civile et pénale selon le statut choisi

La responsabilité du président de SASU s’articule autour de deux axes principaux : la responsabilité civile et la responsabilité pénale. En matière civile, le président engage sa responsabilité personnelle en cas de fautes de gestion, de violations des statuts ou de non-respect des obligations légales. Cette responsabilité peut conduire à une condamnation financière personnelle, indépendamment de la responsabilité limitée de l’associé unique aux apports.

La responsabilité pénale du président concerne les infractions commises dans l’exercice de ses fonctions : abus de biens sociaux, banqueroute, travail dissimulé ou infractions fiscales. Contrairement à la responsabilité civile, la responsabilité pénale ne peut faire l’objet d’aucune assurance ni exonération contractuelle . Cette dimension impose au président une vigilance constante dans la conduite des affaires sociales et justifie l’importance d’un accompagnement juridique et comptable de qualité.

Procédures de nomination et révocation des dirigeants SASU

Modalités statutaires de désignation du président

La nomination du premier président de SASU s’effectue obligatoirement dans les statuts constitutifs de la société. Cette exigence légale garantit l’existence d’un représentant légal dès l’immatriculation de la société au registre du commerce et des sociétés. Les statuts doivent mentionner précisément l’identité du président, sa durée de mandat et l’étendue de ses pouvoirs. Cette approche statutaire présente l’inconvénient de nécessiter une modification des statuts en cas de changement de dirigeant, entraînant des coûts et des formalités supplémentaires.

Les nominations ultérieures peuvent s’effectuer par acte séparé, évitant ainsi les contraintes liées à la modification statutaire. Cette flexibilité permet à l’associé unique de procéder à des changements de direction plus rapidement et à moindre coût. L’acte de nomination doit néanmoins respecter certaines formes et contenir des mentions obligatoires : identité complète du nouveau président, durée du mandat, date de prise d’effet et signature de l’associé unique.

Conditions d’éligibilité et d’incompatibilité professionnelle

Le président de SASU peut être une personne physique ou une personne morale, française ou étrangère. Cette ouverture contraste avec le statut de gérant d’EURL, qui doit nécessairement être une personne physique. Lorsque le président est une personne morale, celle-ci doit désigner un représentant permanent qui exerce matériellement les fonctions présidentielles et engage sa responsabilité personnelle au même titre qu’un président personne physique.

Certaines incompatibilités professionnelles peuvent empêcher l’exercice des fonctions présidentielles. Les fonctionnaires en activité, les avocats, les commissaires aux comptes ou encore les personnes frappées d’interdiction de gestion ne peuvent accéder à cette fonction. Ces restrictions visent à préserver l’indépendance et la probité des dirigeants sociaux , garantissant ainsi la sécurité juridique des tiers contractant avec la SASU.

Processus de révocation ad nutum de l’associé unique

L’associé unique de SASU dispose du pouvoir de révoquer le président à tout moment et sans justification, selon le principe de la révocation ad nutum. Cette prérogative découle de la concentration des pouvoirs entre les mains de l’associé unique, qui cumule les attributions habituellement dévolues à l’assemblée générale des actionnaires. La révocation s’effectue par décision unilatérale écrite, sans nécessité de convoquer une assemblée générale.

Toutefois, cette liberté de révocation n’est pas absolue et doit respecter certaines limites. Une révocation brutale ou vexatoire peut engager la responsabilité de l’associé unique et donner lieu au versement de dommages-intérêts au profit du président révoqué. Cette protection jurisprudentielle vise à équilibrer les pouvoirs et à prévenir les abus de pouvoir de la part de l’associé unique.

Formalités déclaratives auprès du registre RCS

Toute nomination ou révocation de président doit faire l’objet de formalités déclaratives auprès du registre du commerce et des sociétés dans un délai d’un mois. Ces démarches comprennent le dépôt d’un dossier de modification sociale auprès du greffe compétent, accompagné des pièces justificatives requises : copie de l’acte de nomination ou de révocation, attestation sur l’honneur du nouveau président, copie de sa pièce d’identité.

La publication d’un avis de modification dans un journal d’annonces légales constitue également une obligation légale. Cette publicité permet d’informer les tiers du changement de direction et fait courir les délais d’opposabilité des décisions prises par le nouveau président. Le défaut d’accomplissement de ces formalités peut rendre inopposables aux tiers les actes accomplis par le dirigeant , créant une insécurité juridique préjudiciable à la société.

Clauses statutaires de protection du dirigeant

Les statuts de SASU peuvent prévoir des mécanismes de protection du président contre les révocations abusives ou les poursuites injustifiées. Ces clauses protectrices peuvent inclure des indemnités de révocation, des préavis de départ ou des conditions de forme particulières pour les décisions de révocation. L’insertion de telles dispositions nécessite une réflexion approfondie lors de la rédaction des statuts, particulièrement lorsque l’associé unique et le président sont des personnes différentes.

La clause de non-concurrence constitue un autre mécanisme de protection mutuelle entre l’associé unique et le président. Cette disposition contractuelle peut interdire au président révoqué d’exercer une activité concurrente pendant une durée déterminée, en contrepartie d’une indemnité compensatrice. L’équilibre de ces clauses doit respecter les principes de liberté d’entreprendre et de proportionnalité pour assurer leur validité juridique.

Prérogatives décisionnelles et pouvoirs de représentation

Le président de SASU bénéficie de pouvoirs étendus dans la gestion quotidienne de la société, pouvoirs qui découlent directement de sa qualité de représentant légal. Cette amplitude décisionnelle lui permet de conclure tous les actes entrant dans l’objet social de la société sans autorisation préalable de l’associé unique, sauf disposition statutaire contraire. Cette autonomie opérationnelle constitue l’un des principaux avantages de la forme SASU par rapport aux structures plus contraignantes comme la SARL.

Les pouvoirs de représentation du président s’exercent dans trois domaines principaux : les relations commerciales, les relations bancaires et les relations administratives. En matière commerciale, le président peut signer tous les contrats nécessaires au développement de l’activité : contrats de vente, contrats de prestation, baux commerciaux, contrats de partenariat. Cette capacité contractuelle s’étend également aux relations avec les fournisseurs, permettant une gestion fluide des approvisionnements et des prestations externes.

Dans le domaine bancaire, le président dispose généralement de la signature sociale sur tous les comptes de la société. Cette prérogative lui permet d’effectuer toutes les opérations courantes : virements, prélèvements, souscription de lignes de crédit, négociation de conditions bancaires. Certaines opérations exceptionnelles comme les emprunts importants ou les cautions peuvent néanmoins être soumises à l’autorisation expresse de l’associé unique selon les dispositions statutaires.

Les relations avec les administrations fiscales, sociales et parapubliques relèvent également des compétences du président. Il représente la société lors des contrôles, signe les déclarations obligatoires et engage la société vis-à-vis des organismes collecteurs. Cette responsabilité administrative implique une connaissance approfondie des obligations légales et réglementaires applicable à l’activité de la SASU.

Le président de SASU dispose des pouvoirs les plus étendus pour accomplir tous les actes de gestion courante, mais doit toujours agir dans l’intérêt social et respecter les limites de l’objet social.

La délimitation des pouvoirs entre le président et l’associé unique mérite une attention particulière. Certaines décisions stratégiques demeurent de la compétence exclusive de l’associé unique : modification des statuts, augmentation ou réduction du capital social, transformation de la société, dissolution anticipée. Cette répartition des compétences vise à préserver les intérêts patrimoniaux de l’associé unique tout en accordant une autonomie suffisante au président pour la gestion opérationnelle.

L’évolution récente de la jurisprudence tend à renforcer la protection des tiers contractant avec la SASU en élargissant la portée des actes opposables accomplis par le président. Même lorsque celui-ci outrepasse ses pouvoirs statutaires, les actes demeurent généralement valables sauf si le tiers avait connaissance du dépassement de pouvoir. Cette protection des tiers favorise la sécurité juridique des transactions commerciales et facilite les relations d’affaires de la SASU.

Régimes sociaux et fiscaux comparés gérant-président SASU

Affiliation au régime général de sécurité sociale

Le président de SASU rémunéré bénéficie du statut d’assimilé-salarié et relève automatiquement du régime général de la sécurité sociale. Cette affiliation lui garantit une protection sociale étendue comprenant l’assurance maladie-maternité, l’assurance invalidité-décès, l’assurance vieillesse et les allocations familiales. Seule l’assurance chômage demeure exclue du périmètre de protection, le président ne cotisant pas à l’UNEDIC.

Cette couverture sociale présente des avantages significatifs par rapport au régime des travailleurs non-salariés applicable aux gérants majoritaires d’EURL. Les prestations maladie sont servies sans délai de carence, les indemnités journalières maladie sont calculées sur des bases plus favorables et les droits à la retraite s’avèrent généralement plus avantageux. Cette protection étendue justifie partiellement le

niveau de cotisations sociales plus élevé supporté par les présidents de SASU comparativement aux gérants d’EURL relevant du régime des indépendants.

Le régime assimilé-salarié impose des cotisations sociales patronales et salariales représentant environ 75 à 80% de la rémunération brute versée au président. Cette charge sociale conséquente constitue l’un des principaux inconvénients financiers du statut présidentiel en SASU. Néanmoins, cette contribution élevée ouvre droit à des prestations sociales de meilleure qualité, notamment en matière de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO obligatoire pour tous les cadres.

Cotisations sociales sur rémunération et dividendes

La structure des cotisations sociales en SASU présente une particularité fondamentale : seule la rémunération du président est assujettie aux prélèvements sociaux, les dividendes versés à l’associé unique en étant totalement exonérés. Cette spécificité distingue nettement la SASU de l’EURL, où les dividendes excédant 10% des apports sont soumis aux cotisations sociales au titre des revenus du travail. Cette différence de traitement social ouvre des perspectives d’optimisation fiscale et sociale particulièrement intéressantes.

Les cotisations sociales patronales représentent environ 45% de la rémunération brute du président, tandis que les cotisations salariales s’élèvent à environ 22%. Cette répartition inclut les cotisations de sécurité sociale de base, les cotisations de retraite complémentaire, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). L’absence de cotisation chômage constitue l’une des principales différences avec le statut salarié classique , privant le président de SASU de l’accès aux allocations de retour à l’emploi en cas de cessation de fonctions.

Les dividendes perçus par l’associé unique président sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30%, comprenant 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux (CSG, CRDS, contribution additionnelle). Cette taxation forfaitaire peut être remplacée par une option pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu, potentiellement plus favorable selon la situation fiscale de l’associé. L’optimisation entre ces deux régimes nécessite une analyse approfondie de la situation patrimoniale globale.

Optimisation fiscale par arbitrage salaire-dividendes

L’arbitrage entre rémunération et dividendes constitue l’un des leviers d’optimisation les plus puissants en SASU. Cette stratégie permet de minimiser la charge fiscale et sociale globale tout en préservant la protection sociale du dirigeant. L’équilibre optimal dépend de plusieurs facteurs : niveau de revenus souhaité, besoins de trésorerie, objectifs de constitution de droits sociaux et situation fiscale personnelle de l’associé unique.

Une approche courante consiste à fixer une rémunération présidentielle modérée, permettant de valider des trimestres de retraite tout en minimisant les cotisations sociales, puis à compléter les revenus par des dividendes taxés plus favorablement. Cette stratégie présente l’avantage de préserver les droits sociaux fondamentaux tout en optimisant la fiscalité des revenus complémentaires. Le seuil optimal de rémunération se situe généralement autour du plafond de la sécurité sociale annuel.

L’optimisation doit néanmoins respecter le principe de réalité économique et éviter les montages artificiels susceptibles d’être remis en cause par l’administration fiscale . Une rémunération manifestement insuffisante au regard des responsabilités exercées pourrait être requalifiée en revenus distribués, entraînant un redressement fiscal et social. La jurisprudence récente tend à surveiller de plus près ces optimisations, imposant une certaine cohérence entre la rémunération versée et les fonctions effectivement exercées.

Protection sociale complémentaire et retraite cadre

Le président de SASU rémunéré bénéficie obligatoirement du régime de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO, lui garantissant une pension de retraite calculée sur la base de points acquis durant sa carrière. Cette protection complémentaire s’avère généralement plus favorable que les régimes applicables aux travailleurs indépendants, notamment en termes de taux de remplacement du revenu d’activité. Les cotisations AGIRC-ARRCO représentent environ 7,87% de la rémunération dans la limite de huit plafonds annuels de sécurité sociale.

La souscription d’une protection sociale complémentaire volontaire peut s’avérer pertinente pour couvrir les risques non pris en charge par le régime obligatoire. Une assurance perte d’emploi dirigeant peut compenser l’absence d’affiliation à l’assurance chômage, tandis qu’une assurance homme-clé protège la société contre les conséquences financières de l’incapacité temporaire ou permanente du président. Ces couvertures facultatives représentent un coût supplémentaire mais apportent une sécurité appréciable.

La constitution d’une épargne retraite supplémentaire par l’intermédiaire de dispositifs dédiés (PER, contrat Madelin dirigeant) permet d’améliorer le niveau de revenus futurs tout en bénéficiant d’avantages fiscaux immédiats. Cette stratégie patrimoniale s’inscrit dans une démarche globale d’optimisation fiscale et sociale, particulièrement pertinente pour les dirigeants à revenus élevés souhaitant lisser leur pression fiscale dans le temps.

Responsabilités fiduciaires et obligations comptables

Le président de SASU assume des responsabilités fiduciaires étendues qui découlent de sa qualité de mandataire social et de représentant légal de la société. Ces responsabilités l’obligent à agir dans l’intérêt exclusif de la société et de son associé unique, en respectant les principes de loyauté, de diligence et de bonne foi. Cette obligation fiduciaire implique notamment l’interdiction de poursuivre des intérêts personnels conflictuels avec ceux de la société et l’obligation de révéler toute situation de conflit d’intérêts potentiel.

La gestion des biens sociaux constitue l’une des responsabilités les plus sensibles du président de SASU. Il doit veiller à la préservation et à la valorisation du patrimoine social, éviter les opérations spéculatives excessives et maintenir un équilibre financier permettant la continuité de l’exploitation. Cette responsabilité patrimoniale peut engager sa responsabilité personnelle en cas de faute de gestion caractérisée ayant causé un préjudice à la société ou aux créanciers sociaux.

Les obligations comptables du président de SASU comprennent l’établissement annuel des comptes sociaux, leur approbation par l’associé unique et leur dépôt au greffe du tribunal de commerce dans les délais légaux. Ces comptes doivent respecter les principes comptables généralement admis et présenter une image fidèle de la situation financière de la société. Le président doit également tenir une comptabilité régulière permettant le suivi des opérations sociales et la justification des écritures comptables.

La responsabilité du président s’étend aux déclarations fiscales et sociales de la société. Il doit veiller au respect des obligations déclaratives périodiques, au paiement des impôts et taxes dans les délais requis et à la sincérité des informations communiquées aux administrations. Cette responsabilité déclarative peut donner lieu à des sanctions personnelles en cas de manquements graves ou répétés, indépendamment des pénalités supportées par la société elle-même.

La responsabilité fiduciaire du président de SASU s’étend bien au-delà de la simple gestion quotidienne pour englober la préservation des intérêts sociaux et le respect de toutes les obligations légales et réglementaires.

L’évolution récente de la réglementation comptable et fiscale impose au président une veille juridique constante pour maintenir la conformité de la société. Les modifications du plan comptable général, les nouvelles obligations de reporting ou les évolutions de la législation fiscale nécessitent une adaptation permanente des procédures internes. Cette exigence de mise à jour continue justifie souvent le recours à un expert-comptable spécialisé pour sécuriser la gestion comptable et fiscale de la SASU.

Stratégies juridiques de transition entre les deux statuts

La transition d’une terminologie de « gérant » vers celle de « président » lors de la transformation d’une EURL en SASU nécessite une approche juridique structurée pour éviter tout vide de pouvoir ou contestation ultérieure. Cette transformation implique la modification complète des statuts sociaux, l’adaptation des mandats sociaux et la mise en conformité de tous les documents contractuels faisant référence à l’ancien dirigeant. La stratégie de transition doit anticiper les implications fiscales, sociales et contractuelles de ce changement de statut.

La première étape de cette transition consiste en l’évaluation exhaustive des contrats en cours mentionnant le gérant de l’EURL. Ces contrats commerciaux, bancaires ou immobiliers devront faire l’objet d’avenants pour substituer les références au président de la SASU nouvellement constituée. Cette phase contractuelle revêt une importance cruciale pour préserver la continuité des relations d’affaires et éviter toute remise en cause des engagements pris par la société sous sa forme antérieure.

L’harmonisation des pouvoirs entre les deux statuts nécessite une analyse comparative approfondie des prérogatives exercées sous chaque forme juridique. Certains pouvoirs spécifiques au gérant d’EURL peuvent nécessiter une formalisation particulière dans les nouveaux statuts de SASU pour préserver l’étendue des compétences dirigeantes. Cette harmonisation doit également tenir compte des évolutions souhaitées dans l’organisation de la société et des objectifs stratégiques de la transformation.

La gestion de la transition sociale et fiscale du dirigeant constitue un enjeu majeur de cette transformation. Le passage du régime des travailleurs non-salariés vers le statut d’assimilé-salarié modifie profondément la structure des cotisations sociales et peut impacter la trésorerie de la société. Cette transition nécessite une planification financière précise pour absorber l’augmentation des charges sociales et optimiser la nouvelle structure de rémunération disponible en SASU.

L’accompagnement par des conseils spécialisés s’avère indispensable pour sécuriser cette transition complexe. Avocat spécialisé en droit des sociétés, expert-comptable et conseiller social doivent coordonner leurs interventions pour garantir la régularité juridique de l’opération et optimiser ses conséquences fiscales et sociales. Cette approche pluridisciplinaire permet d’anticiper les difficultés potentielles et de construire la nouvelle organisation dirigeante sur des bases solides et pérennes.

La documentation de cette transition revêt une importance particulière pour justifier auprès des tiers et des administrations la continuité de l’entreprise malgré le changement de forme juridique. Procès-verbaux d’assemblée, actes de nomination, attestations de pouvoirs et courriers d’information constituent autant de pièces justificatives nécessaires pour sécuriser la période de transition et établir la légitimité du nouveau président de SASU dans l’exercice de ses fonctions dirigeantes.

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